Elles, voilà, dans les dernières œuvres de Carine HAYOT, le mot qui semble résonner, se répéter en un écho qui, au lieu de faiblir, va crescendo d'un tableau l'autre.
Elles. Les fleurs. 
Motif récurrent, d'abord discret, à la marge de la toile. Petites fleurs griffonnées, larges pétales et tiges graciles, figures répétées sans fin comme les gribouillis qu'on dessine machinalement en téléphonant. Aux confins du conscient et de l'inconscient. 
Fleurs qui, d'œuvre en œuvre, se multiplient jusqu'à envahir graduellement toute la surface de la toile ou qui finissent par enfler, grossir au point d'inscrire leur corolle dans l'espace entier du tableau. 
Fleurs mais ni roses, ni marguerites, ni hibiscus, ni anémones. Elles ne se référent pas à un objet réel précis mais sont plutôt images de fleur. 
Fleurs qui, dans ces toiles où se combinent mots écrits, chiffres, papiers collés, coulures de peinture, larges aplats colorés, griffures, superpositions, arabesques fougueuses, sont les seuls signes référentiels, ce qu'il reste de figuration. Sans que le sujet de la peinture ne compte vraiment. Ce sont des vecteurs. « Ce ne sont pas les fleurs comme sujet qui m'importent mais ce que j'arrive aux travers d'elles à transmettre. Je dois tout y mettre. Tout. C'est par la peinture que je m'exprime. If faut que ça grouille, que ça bouge comme la vie où rien n'est statique. La vie, elle jaillit, elle explose. Impétueuse. Je me fiche de ce que représente un tableau, c'est ce qu'il« émet» qui m'importe. » 
Fleurs nées d'un griffonnage, d'une« écriture automatique » qui révéleraient le peintre. Les titres des œuvres nous donneraient là quelques indications: Celles qu'on ne peut expliquer, La force sous la douceur, Une pour toutes et toutes pour une. Féminité vivace. Elles. Les femmes. 
V.DEWAVRIN 
Critique d'art contemporain